Bien piloter sa trésorerie dès le lancement de son entreprise
- Sofiane SEGUENI 
- 2 août
- 4 min de lecture

Lorsque vous créez votre activité, vous concentrez logiquement vos efforts sur la recherche de vos premiers clients et la génération de chiffre d’affaires. Pourtant, c’est bien la trésorerie qui donne le rythme réel de votre entreprise. Une mauvaise anticipation des flux financiers peut rapidement provoquer des tensions, même si le carnet de commandes est rempli. Pour éviter ces pièges, il est essentiel de sécuriser vos finances dès le départ.
Anticiper dès le lancement les grandes échéances fiscales et sociales
La première année, de nombreux entrepreneurs découvrent trop tard l’ampleur de certaines obligations fiscales et sociales. Pourtant, ces échéances pèsent lourd sur la trésorerie et doivent être intégrées à votre prévisionnel dès la création.
Les acomptes de TVA (régime simplifié – CA12)
Dès la première année, deux acomptes sont exigés : en juillet et en décembre, chacun représentant au moins 80 % de la TVA réellement due. En cas de sous‑estimation, une majoration peut être appliquée. Gardez à l’esprit une règle essentielle : la TVA encaissée ne vous appartient pas. Pour éviter toute confusion, établissez toujours vos prévisions de trésorerie sur des montants hors taxes (HT). Un conseil pratique : ouvrez un sous‑compte bancaire dédié à la TVA pour ne pas risquer de la dépenser par inadvertance.
Si vous prévoyez d’importantes dépenses dès le démarrage (achats ou investissements), il peut être judicieux d’opter pour un régime de TVA mensuelle. Vous pourrez ainsi récupérer vos crédits de TVA chaque mois.
Les cotisations URSSAF pour les gérants TNS d’EURL
Même sans vous verser de rémunération, l’URSSAF appelle des cotisations minimales. Le montant dépend de plusieurs facteurs (statut, exonérations éventuelles, etc.). Un échéancier officiel sera adressé directement au siège de votre entreprise : il est impératif de le consulter et de l’intégrer à votre prévisionnel pour éviter toute mauvaise surprise.
Le solde d’impôt sur les sociétés (IS) et le solde annuel de TVA
En mai de l’année N+1, vous devrez régler :
- le solde de l’IS, calculé sur le bénéfice imposable de l’exercice, après déduction des acomptes déjà versés, 
- et, pour les entreprises au régime CA12, le solde de TVA annuelle. 
Le cumul de ces deux règlements simultanés peut représenter une sortie de trésorerie conséquente. Ne pas anticiper ce double impact est une erreur fréquente chez les créateurs d’entreprise.
Piloter les encaissements et les paiements de manière fluide
Après les échéances fiscales et sociales, un autre piège redoutable attend les créateurs : le Besoin en Fonds de Roulement (BFR). C’est l’argent dont votre entreprise a besoin pour fonctionner au quotidien, en attendant que vos clients vous paient. Autrement dit, vous devez avancer la trésorerie pour régler vos fournisseurs, vos charges et parfois vos salaires, alors même que vos encaissements tardent à arriver.
Un BFR mal maîtrisé peut vite donner l’impression de travailler pour rien : vous générez du chiffre d’affaires, mais votre compte bancaire reste désespérément vide. Les causes sont souvent les mêmes : des clients qui règlent trop tard, des stocks qui mobilisent inutilement de l’argent, ou des impayés qui s’accumulent.
Concrètement, le calcul du BFR est assez simple :BFR = stocks + créances clients – dettes fournisseurs. Si le résultat est positif, cela signifie que vous devez avancer de la trésorerie pour couvrir le décalage. Si le résultat est négatif, vos fournisseurs financent une partie de votre activité, ce qui soulage votre trésorerie.
Pour réduire ce besoin, agissez dès la facturation. Établissez vos factures sans délai, relancez vos clients régulièrement et, lorsque c’est possible, mettez en place des prélèvements automatiques, qui sécurisent vos encaissements et limitent les retards. Du côté des dépenses, négocier des délais fournisseurs un peu plus longs vous aide à mieux aligner vos sorties d’argent sur vos entrées.
Enfin, ajustez vos achats pour éviter que vos stocks ne deviennent une trappe à liquidités. Un BFR bien maîtrisé, c’est une entreprise qui respire : vous gardez de la trésorerie disponible, évitez les trous de liquidité et conservez la capacité d’investir sereinement pour croître.
Garder une vision claire de sa trésorerie au quotidien
Au‑delà des échéances fiscales et du suivi du BFR, la clé d’une gestion saine réside dans la visibilité. Beaucoup d’entrepreneurs pilotent encore leur activité “à l’aveugle”, en se fiant uniquement au solde bancaire du moment. Or, un compte en positif aujourd’hui ne garantit pas la capacité de régler les charges du mois prochain.
Pour éviter cette erreur, il est essentiel de mettre en place un tableau de suivi de trésorerie ou un outil adapté, permettant d’anticiper vos entrées et sorties d’argent à 30, 60 ou 90 jours. Cette discipline donne non seulement de la sérénité au quotidien, mais elle offre aussi la flexibilité nécessaire pour investir, recruter ou saisir des opportunités au bon moment.
C’est précisément sur ce point qu’un expert-comptable peut devenir un véritable partenaire stratégique. Son rôle ne se limite pas à établir vos bilans : il vous aide à analyser vos flux de trésorerie, à calculer votre BFR, à anticiper vos échéances fiscales et sociales, et à bâtir un prévisionnel réaliste. Cette expertise vous permet non seulement d’éviter les mauvaises surprises, mais aussi de prendre des décisions éclairées pour sécuriser et développer votre activité.



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